La vie d’Hildegarde de Bingen (1098-1179), est elle aussi, marquée par la lumière, ses couleurs et ses ombres. Et cela jusqu’au moment de sa mort où, selon la légende, une lumière radieuse serait apparue dans le ciel. Mais plus encore, la lumière est la source, l’étincelle et le feu de la vie qui alimentent l’ensemble de son oeuvre.

Sa première rencontre avec la Lumière la foudroie comme une éclair et transforme soudainement sa vie, jusqu’alors effacée: «En l’an 1141 de l’Incarnation de Jésus-Christ, quand j’avais 42 ans et 7 mois, descendit du ciel une Lumière ardente aux lueurs étincelantes qui me traversa l’esprit et m’embrasa la poitrine. Weiterlesen

L’œuvre d’Hildegarde – reflètant exactement sa propre conviction – est un ouvrage à caractère fortement visionnaire et prophétique. L’origine divine de ce qu’elle a vu et entendu à travers cette Lumière éblouissante et la prise de conscience du sens de sa mission sont, pour elle, indissociables. Son esprit prophétique voulait secouer les gens de son époque, les éclairer, les convertir et éviter que Dieu ne tombe progressivement dans l’oubli. Hildegarde se considérait comme défenseur, porte-parole et instrument de Dieu. Elle se référait sans cesse au Mystère du Très-Haut et mettait en valeur, auprès de ses lecteurs et auditeurs l’Amour divin comme origine et accomplissement de l’être. Weiterlesen

Ce dernier trouve son expression dans la mélopée «Ordo Virtutum», «l’Ordre des Vertus» dont la musique et les textes ont été composés par Hildegarde. Vices et vertus, confrontées dans 35 dialogues, symbolisent la lutte perpétuelle entre le bien et le mal, en l’homme lui-même et dans le monde. En 1150, après avoir quitté le Disibodenberg, non sans de longues et pénibles discussions, Hildegarde accompagnée de 20 religieuses, s’installe au monastère de Rupertsberg. C’est là que sera joué pour la première fois, en 1152, le drame allégorique musical – le tout premier transmis avec accompagnement musical. Il sera joué pour la seconde fois, dans sa version originale, 800 ans plus tard, en 1982 dans le décor roman grandiose de l’église Saint Martin (Groß Sankt Martin) à Cologne. Weiterlesen

En rédigeant son troisième grand ouvrage «Liber Divinorum Operum», «Livre des Œuvres divines», achevé en 1174 après un travail colossal de 11 ans, Hildegarde réalise un nouveau chef-d’oeuvre.

Son écriture cosmogonique puissante laisse resplendir l’univers au lecteur comme Œuvre divine. La puissance de l’Amour de Dieu est à l’origine de la Création, de l’Incarnation en la personne de son Fils, de la Rédemption des péchés du monde à la fin des temps, embrassant tout l’univers en une seule unité. L’homme apparaît comme un microcosme reflétant, à travers sa condition physique et spirituelle, l’ordre du cosmos entier, du macrocosme. Dieu a donné une forme humaine à chaque élément de la Création. Weiterlesen

Hildegarde renvoie ainsi le besoin de l’homme de délivrance à un concept holistique mêlant étroitement la cosmologie, l’anthropologie et la théologie. Selon Hildegarde, la Lumière de la Grâce divine fait reconnaître à l’homme son imperfection et son besoin de guérison.

Celui qui reste sourd à l’appel et abuse de sa liberté dans l’illusion d’une autonomie absolue tombe dans le péché et la culpabilité, provoque un dysfonctionnement d’ordre physique et spirituel entraînant par la suite un désordre des éléments du cosmos. La guérison du corps et de l’âme ne peuvent venir que d’un rapprochement de Dieu, de la foi qui engendre les bonnes actions, un équilibre de vie qui rend corps et âme à nouveau sains. Weiterlesen

Dans ses prières prophétiques et surtout dans ses lettres, Hildegarde s’exprime de manière unique et distincte. 390 pièces provenant d’une correspondance volumineuse ont été précieusement conservées jusqu’à nos jours et témoignent de la franchise intrépide de ses préoccupations exprimées en admonestations, de sa bonté naturelle empreinte d’enthousiasme et d’humour, de son engagement personnel et de son influence importante dans le monde politique ainsi que dans les débats religieux. Ses conseils étaient appréciés même s’ils n’étaient pas toujours flatteurs et agréables à entendre. Ses biographes contemporains décrivent de la même manière le ton de ses sermons qu’elle prononça partout, dans les campagnes, sur les places de marchés, d’églises: à Cologne, Trêves, Wurtzbourg et Bamberg, à Siegburg, Eberbach, Hirsau, Zwiefalten et Maulbronn. Weiterlesen